Problème mahjong #2

Pour ce deuxième problème de mahjong nous vous proposons cette semaine une question de lecture de défausse. Le joueur en face de vous a la défausse suivante, saurez vous deviner son attente ? Les tuiles grisées correspondent aux défausses tsumogiri (défausse directe de la tuile piochée).

Lecture de défausseIndice : si ce problème vous est proposé c’est qu’il présente un intérêt, autrement dit qu’il contient assez d’éléments pour trouver la solution et que la défausse n’est pas aléatoire. C’est déjà un gros indice étant donné que dans une partie réelle vous ne pouvez pas savoir si les théories de lecture de main s’appliquent réellement à la défausse que vous observez ! Il n’est pas possible de ne déterminer qu’une attente de façon sûre mais vous pouvez trouver les plus probables. Bien sûr, si vous ne donnez qu’une seule possibilité et que c’est la bonne votre prestige en sera grandi !

Réponse :
La défausse sur laquelle le joueur a déclaré riichi est un 4 de caractère, on peut donc supposer (en tenant compte de l’indice affirmant que le problème était intéressant) que le joueur a gardé jusqu’au dernier moment une forme intéressante impliquant cette tuile.

Ce 4 pourrait donc être ce qu’on appelle une matagi-suji, c’est à dire une tuile qui faisait partie d’une forme de type BCC, pouvant se compléter avec A, C ou D pour former soit une suite soit un brelan, et qui a été défaussée pour privilégier la suite. Concrètement, il se peut que le joueur ait eu en sa possession soit 344 de caractère soit 445 de caractère et ait jeté le 4 au moment où il est devenu tenpai. Cela nous donnerait soit une attente 2-5 soit une attente 3-6. Nous voyons que le 6 a déjà été défaussé plus tôt dans la partie, ce qui invalide cette deuxième hypothèse (il s’agit accessoirement d’une ura-suji, une tuile faisant partie d’une forme BCE que l’on défausse pour garder une double attente).

L’hypothèse la plus probable est qu’à un moment de la partie le joueur ait eu en sa possession 3446 de caractère, et qu’en se rapprochant de tenpai il ait été amené à jeter d’abord le 6 puis un peu plus tard le 4. Dans une vraie partie cette hypothèse n’aurait que peu de chances de se vérifier (ce qui est déjà mieux qu’aucune chance du tout), mais il s’agit ici d’un problème présentant une situation idéale ! Voici la main qu’avait l’adversaire ayant déclaré riichi :

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4 réflexions au sujet de « Problème mahjong #2 »

  1. Bonjour, je poste un peu tard mais je m’intéresse actuellement à la lecture de la défausse. Ce que tu expliques fais partie de la théorie ura-suji et matagi-suji il me semble.
    Mais dans quel cas utilise t on plus l’une ou l’autre ?

    Continuez ce que vous faites, c’est super!

    • Bonjour Nikoer, merci pour ton message ! Effectivement il s’agit de la théorie des suji. Je ne peux pas répondre directement à ta question, parce qu’il n’y a pas de réponse absolue. En fait, on n’utilise pas plutôt l’une que l’autre, on s’appuie sur ce qu’on a pour essayer de faire un choix dans notre propre défausse, donc on utilise ce qu’on a sous la main, en recoupant les informations quand c’est possible.

      On essaye principalement de lire les défausses pour défendre, donc on va en premier essayer de déterminer les tuiles qui ont peu de chance de faire gagner l’adversaire :
      -genbutsu (tuiles déjà défaussées, sûres à 100 %)
      -omote-suji (tuiles qui ne peuvent pas compléter une double attente parce que l’autre côté de l’attente a été défaussé, par exemple si le 4 est déjà tombé le 1 est relativement sûr, etc.)
      -kabe (mur : si tous les 8 sont sortis il y a peu de chance que l’adversaire attende sur le 9)

      Mais il peut arriver qu’on n’ait pas assez d’informations pour identifier des tuiles potentiellement sûres. Dans ce cas on va essayer d’identifier des tuiles plus dangereuses et ne pas les défausser, et c’est là que ce qui est abordé dans ce problème se révélera utile, mais c’est du dernier recours. Dans d’autres cas, on peut être en demi-défense : on accepte de prendre des risques mesurés mais notre jeu n’est pas assez bon pour tout risquer, dans ce cas on est amené à se demander si une tuile est vraiment dangereuse ou si elle a des chances de passer (et accessoirement de rapporter beaucoup de points). Ce cas de figure est réservé aux joueurs d’un niveau intermédiaire au moins, pour les joueurs débutants il vaut généralement mieux soit pousser à fond soit se coucher complètement. Et la dernière situation où lire l’attente exacte peut nous être utile est réservée aux joueurs les plus avancés : parfois on va essayer de donner exprès sa tuile gagnante à un joueur donné, soit parce qu’il représente un danger moins grand qu’un autre joueur, soit parce que ça fait avancer la partie à notre avantage, c’est très casse-gueule et s’y essayer risque souvent de mal se finir si on n’a pas une très bonne maîtrise du jeu.

      On voit donc qu’il n’y a que peu de cas où les suji autres qu’omote-suji sont vraiment utiles, c’est d’ailleurs pour ça qu’il y a peu de problèmes sur le site traitant de cet aspect. Si toutefois tu es dans une situation désespérée où tu n’as pas d’autre recours, le mieux est de s’appuyer sur plusieurs indices pour recouper des informations. Les tuiles défaussées en début de donne indiquent plutôt une zone sûre (si un joueur avait de quoi les combiner il les aurait plutôt gardé), et inversement les tuiles défaussées en fin de donne indiquent plutôt une zone de danger. Il y a aussi certains ordres de défausses qui peuvent donner un indice, par exemple quand des tuiles du milieu sont défaussées avant des tuiles de bord, ou quand certains intervalles se retrouvent (aida yon ken).

      Tout ça est très résumé, mais l’idée générale c’est d’utiliser l’abduction, un mode d’inférence complémentaire à la déduction et à l’induction, qui consiste à faire des hypothèses non pas sur la base de faits avérés mais supposés. Autrement dit, on essaye de trouver une hypothèse qui soit compatible avec les données qu’on a et faute de mieux on s’appuie dessus. En gros, dans notre problème, on dit : « il a jeté le 6 en premier et en déclarant riichi le 4, ça pourrait être cohérent avec une forme 3446 et dans ce cas ça voudrait dire qu’il attend le 2 ou le 5. Peut-être que oui, peut-être que non, mais dans le doute je vais jeter autre chose. »

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