Introduction aux attentes

Une des compétences les plus importantes pour gagner au mahjong, c’est de savoir lire sa main afin de déterminer, si elle est tenpai quelles tuiles peuvent la compléter, et si elle ne l’est pas quelles tuiles peuvent la faire progresser. En particulier, lorsque la main approche du tenpai, il va falloir défausser des tuiles que l’on pourrait utiliser, et il faudra donc arbitrer. L’un des aspects sur lesquels on va s’appuyer le plus est l’efficacité des éléments entre lesquels on doit choisir. Je vous propose dans cet article une petite présentation des attentes au mahjong et de la logique qui y est associée.

Pour commencer un point de méthodologie. Lorsque l’on parle de l’efficacité d’un groupe de tuiles, sur quoi s’appuie-t-on pour juger ? Il y a plusieurs aspects : le premier est sans surprise le nombre de tuiles permettant de compléter ce proto-élément, mais ensuite on regardera aussi ses possibilités d’évolution et le nombre de tuiles que comporte actuellement ce proto-élément. En effet, réduire le nombre de tuiles que comporte un proto-élément permet de se garder de la place dans sa main. Si un proto-élément se complète avec un grand nombre de tuiles mais est lui-même composé de beaucoup de tuiles, il va réduire les possibilités du reste de la main. Ce qu’on évalue donc au final c’est l’équilibre entre la taille du proto-élément considéré et le nombre de tuiles le complétant.

Attentes de base

En ce qui concerne les attentes en elles-mêmes, quelle que soit la complexité de la main, elles peuvent se décomposer en attentes de bases. Connaître ces attentes de base est donc une aide précieuse pour décrypter des attentes plus complexes dont elles constituent les briques. Voici une liste des attentes de bases (que vous pourrez retrouver, avec des illustrations mais sans les commentaires, sur la page du wiki mahjong dédié aux attentes) :

  • le ryanmen : il s’agit de la meilleure des attentes de base. Elle consiste en deux tuiles numérotées qui se suivent, et qui peuvent former une suite avec la tuile précédente ou la tuile suivante. Par exemple, si on a un 3 et un 4 de rond, on peut former soit une suite 234 soit une suite 345. Il y a deux sortes de tuiles qui permettent de compléter cette attente, et puisque chaque tuile du jeu existe en 4 exemplaires cela fait un total de 8 tuiles.
  • le kanchan : c’est une autre attente à base de suite, mais cette fois on attend la tuile du milieu, si par exemple on a un 3 et un 5 et qu’on attend un 4. Cette attente est deux fois moins efficace que le ryanmen puisqu’il n’y a qu’une sorte de tuile qui peut la compléter, donc au total 4 tuiles. En revanche, le kanchan a un avantage : il peut évoluer en ryanmen en une pioche : en reprenant l’exemple précédent d’un 3 et d’un 5 en attente sur le 4, on peut piocher le 2 et jeter le 5, on aura donc un 2 et un 3 en attente sur le 1 ou le 4 ; ou bien on peut piocher le 6 et jeter le 3, on aura donc un 5 et un 6 en attente sur le 4 ou le 7 —si vous avez du mal à visualiser allez chercher vos tuiles de mahjong et faites l’essai.
  • le penchan : c’est la dernière attente à base de suite, soit un 1 et un 2 en attente sur le 3, soit un 8 et un 9 en attente sur le 7. Comme le kanchan, il n’y a qu’une seule sorte de tuile permettant de la compléter, pour un total de 4 tuiles individuelles, par contre le penchan ne peut pas évoluer en ryanmen, ce qui en fait un très mauvais motif.
  • le shanpon : il est formé de deux paires dont l’une des deux deviendra un brelan, si par exemple on a deux dragons rouges et deux vent d’Est, on attend soit un troisième dragon rouge soit un troisième vent d’Est. Cela veut dire qu’il peut se compléter avec deux sortes de tuiles, mais comme on a déjà deux tuiles de chacune de ces sortes dans sa main cela fait que le nombre de tuiles pouvant compléter la main n’est que de 4. En revanche, le shanpon peut se transformer en n’importe laquelle des attentes vues précédemment si au moins une des deux paires qui le composent proviennent de famille numérotées, si par exemple on a deux 4 de bambou, on peut piocher un 5 et jeter un des deux 4 pour avoir un 4 et un 5 en attente sur le 3 et le 6.
  • le tanki : attente sur la paire. On attend donc une seule sorte de tuile dont on possède déjà un exemplaire, ce qui n’en laisse que 3 de disponibles dans le jeu. C’est donc la moins bonne attente de ce point de vue. Qui plus est, le tanki ne peut pas évoluer vers un des autres motifs.

Attentes composées

Comme on l’a vu, toutes les mains du jeu peuvent se décomposer en ces cinq attentes de bases. En revanche, certains motifs mêlent différentes attentes de base pour former des attentes composées. Savoir reconnaître ces motifs, et plus encore savoir construire sa main de façon à favoriser leur apparition, permet d’augmenter très sensiblement ses chances de remporter une donne, puisque ces motifs peuvent se compléter avec un plus grand nombre de tuiles. Par exemple, si on a une main sans paire mais avec quatre tuiles qui se suivent (mettons 2345), on peut former la paire des deux côtés de la suite (soit avec le 2 pour 22 et 345, soit avec le 5 pour 234 et 55). Ce motif appelé nobetan consiste donc en deux attentes tanki mises bout-à-bout, et permet d’améliore sensiblement la qualité d’une attente tanki simple, la faisant passer d’attente la moins bonne du jeu à une attente tout à fait respectable ! (On a d’ailleurs vu que le tanki ne pouvait évoluer en aucune des autres attentes de base, en revanche il peut évoluer en nobetan dans n’importe quelle main comprenant au moins une suite.)

Pour parvenir à favoriser l’appartition de ces motifs particulièrement efficaces, la maîtrise des motifs de base est essentielle. Une autre aide vient du fait que certaines de ces attentes composées sont suffisament courantes pour avoir reçu une dénomination particulière, et là encore la connaissance de ces motifs courants permettra de les reconnaître aisément. Je ne vais pas alourdir encore cet article en en faisant une liste ici, mais vous pouvez les retrouver sur la page dédiée aux attentes du wiki mahjong. En particulier, les attentes nobetan/sanmentan, dérivées du tanki, et ryanmenten, dérivée du ryanmen, sont parmis les plus faciles à repérer et fournissent une efficacité assez élevée, aussi cela peut être une bonne idée pour les débutants de bien y prêter attention.

Motifs dans une main en cours de construction

Lorsque la main n’est pas encore tenpai, on retrouvera les motifs vus précédemment. Mais en plus de cela, on pourra voir certaines combinaisons des attentes de bases qui ne sont pas possibles sur une main tenpai et qui permettent d’augmenter considérablement la vitesse à laquelle la main pourra se compléter. En particulier, le fait de mêler une paire de tuiles numérotées avec une tuile voisine permettra avec seulement trois tuiles de se laisser la possibilité soit d’un brelan en piochant la troisième tuile de la paire, soit d’une suite. Si par exemple on a la forme suivante : 224, on peut former un élément soit en piochant un 2 pour former un brelan de 2, soit en piochant un 3 pour former une suite 234. Cette façon d’améliorer un proto-élément de type suite en lui adjoignant une paire est particulièrement utile pour les kanchan et encore plus pour les penchan, qui ont de mauvaises attentes et de faibles possibilités d’évolution, en revanche l’intérêt pour des ryanmen qui ont déjà une très bonne attente est beaucoup plus réduit.

Un autre motif de base particulièrement utile est le ryankan. Ceux qui se souviennent que dans le vocabulaire du mahjong « ryan » signifie « deux » pourront en déduire qu’il s’agit de deux kanchan mis bout à bout. Par exemple, si on a un 1, un 3 et un 5 de la même famille, on peut former soit une suite 123 en piochant un 2, soit une suite 345 en piochant un 4. Le ryankan peut donc se compléter avec deux sortes de tuiles, pour un total de 8 tuiles disponibles, ce qui l’amène à la même probabilité de se compléter qu’un ryanmen ! En revanche son efficacité reste inférieure pour deux raisons : d’abord parce qu’il mobilise trois des tuiles de notre main contre seulement deux pour le ryanmen, et ensuite parce que si la main se complète sur un autre élément on est obligé pour passer tenpai de choisir une attente kanchan.

Il y a d’autres exemples de façons de combiner des motifs de bases lors de la construction d’une main, mais toutes les lister serait aussi fastidieux pour moi à rédiger que pour vous à lire, les possibilités existent en très grand nombre et souvent spécifiques aux mains formées d’une seule famille où toutes les tuiles interragissent les unes avec les autres. Essayez quand même de retenir ces deux motifs : la proto-suite augmentée d’une paire et le ryankan, qui sont deux formes permettant d’améliorer sensiblement l’efficacité d’une main moyenne, et qui sont souvent ignorées des débutants.

Au final, ce qui fera que vous arriverez à lire votre main correctement, c’est la pratique, et lire cet article ne vous rendra pas immédiatement infaillible. En revanche, cela vous donnera une idée de ce qu’il faut regarder et vous permettra de progresser bien plus rapidement. Aussi, n’hésitez pas à y revenir de temps en temps, car c’est une des choses les plus importantes au mahjong ! Apprendre les noms des attentes est moins important, mais pouvoir nommer une chose aide à l’appréhender et surtout cela vous permettra d’en discuter avec d’autres joueurs et donc de nourrir votre réflexion, à vous de voir si l’effort sera récompensé…

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